Afrique du Sud : l’ancien chef de la police condamné pour corruption en lien avec le trafic de drogue

La Cour d’appel d’Afrique du Sud a condamné, le 2 décembre 2011, à 15 années de prison l’ancien chef de la police et ancien président d’Interpol, Jackie Selebi pour avoir accepté des pots-de-vin de trafiquants de drogue. Cette décision intervient quatre mois après la condamnation de l’épouse du ministre de la Sécurité pour trafic de cocaïne.

Jackie Selebi (photo: Interpol)

Mieux que l’affaire Neyret, ancien numéro 2 de la police judiciaire lyonnaise mis en examen début octobre en France, l’Afrique du Sud à le dossier Jackie Selebi. La justice sud-africaine vient d'infliger une peine de 15 années de prison en appel à celui qui fut, non seulement le plus haut gradé de la police locale mais aussi le président d’Interpol, de 2004 à 2008.

Jackie Selebi avait été condamné en première instance, en 2010, pour avoir livré des informations secrètes de la police à des trafiquants de drogue. Parmi eux, Glenn Agliotti, un homme d’affaires sulfureux à qui Selebi aurait, notamment, permis de prendre connaissance de documents des services de renseignement britanniques le concernant. Pour le remercier, Agliotti lui aurait versé près de 110 000 euros (1,2 millions de rand) en cadeaux et pots de vin entre 2000 et 2005. 

Le procès a suscité beaucoup d’écho en Afrique du Sud, d’autant que le successeur de Selebi, Bheki Cele, a été suspendu, fin octobre, par le président Zuma, lui aussi pour des soupçons de corruption. Selon l’AFP, Cele aurait fermé les yeux sur une opération immobilière douteuse, mais avortée, avec un promoteur qui assure être un ami du chef de l’Etat sud-africain.

D’autres affaires de drogue

En outre, la condamnation de Selebi intervient quelques mois après une autre décision qui a fait couler beaucoup d’encre en Afrique du Sud, celle de Sheryl Cwele. Epouse du ministre sud-africain de la Sécurité, elle a écopé de 12 années de prison, le 5 mai 2011, pour, selon la justice, avoir recruté avec un ressortissant nigérian, des passeuses pour faire venir de la cocaïne d’Amérique du Sud. Depuis, de nombreuses voix se sont élevées pour exiger la démission de son mari, Siyabonga Cwele, qui est donc ministre de la Sécurité. Ce dernier est toujours en poste, mais pour faire bonne figure, il a divorcé de sa femme à la fin du mois d’août dernier.

L’Afrique du Sud est une importante plaque tournante et un marché pour de nombreuses drogues, dont le mandrax, les amphétamines, les méthamphétamines et la cocaïne.