L'Afrique reste une plaque tournante pour l'héroïne, selon l'OICS

Suite de l’analyse du dernier rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants. Occulté par la publicité faite autour du trafic de cocaïne, la contrebande d’héroïne continue sur le continent africain mais elle y est aussi consommée.

Crédit photo: DEA

L’arrivée en grande quantité de la cocaïne en Afrique, depuis le milieu des années 2000, a fait oublier que la première drogue dure pour laquelle ce continent à servi de plaque-tournante est l’héroïne. Dès le début des années 80, des passeurs nigérians, devenus depuis des acteurs qui comptent dans le trafic international de stupéfiants, allaient chercher de l’héroïne en Asie du Sud*, principalement au Pakistan, pour l’acheminer via l’Afrique, vers l’Europe et les Etats-Unis.

Depuis quelques années, le marché reprend de la vigueur, et l’Afrique reste, à en croire le dernier rapport de l’OICS, une zone importante de transit aux côtés d'autres régions comme les Balkans, en Europe. Selon les estimations de l’UNODC (Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime), environ 35 tonnes d’héroïne passent chaque année par le continent africain.

Portes d’entrée

Les principales portes d’entrée sont, traditionnellement, l’Ethiopie et le Kenya, grâce à de bonnes connections aériennes avec l’Asie. « Du Kenya, l’héroïne est transportée vers les Comores, Madagascar, l’île Maurice et les Seychelles, indique l’OICS. L’Afrique du Sud est utilisée comme pays de transit pour les envois d’héroïne destinés aux marchés illicites d’Afrique australe et d’Europe. »

En outre, en 2009 et 2010, les saisies ont augmenté dans les pays d’Afrique du Nord, notamment l’Egypte et la Libye. L’OICS en signale aussi en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire, au Nigéria et au Ghana, des pays qui ont déjà servi de lieu de transit dans le passé.

Consommation

L’autre information intéressante que révèle le rapport, même si elle n'est pas en soi une nouveauté, concerne la consommation de l’héroïne en Afrique. « On estime qu’il y a environ 1,2 million d’héroïnomanes en Afrique », précise l’OICS. C’est l’Afrique de l’Est qui arrive en tête pour la consommation, suivie de l’Afrique du Nord, de l’Afrique australe, puis de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Et c’est à l’île Maurice que l’on trouve le plus d’adeptes des opiacés (1,9%), suivie du Kenya (0,7%) et de l’Egypte, tandis qu’on en consomme aussi en Afrique du Sud.

*92% du pavot - plante dont est tirée l'opium, puis l'héroïne - est produit en Afghanistan

A noter: Selon l'OICS les pays européens consomment près de la moitié de l'héroïne mondiale. L'Europe occidentale arrive en tête. Quatre pays assurent près de 60% de la consommation régionale (Royaume-Uni, Italie, France et Allemagne). La Fédération de Russie consomme 20% de l'héroïne produite en Afghanistan.
D'après l'OICS, en Asie, l'héroïne continue d'être la principale drogue consommée en Chine, en Malaisie, au Myanmar, à Singapour et au Viet Nam. En outre, si la production d'opium a diminué de moitié (3600 tonnes) en Afghanistan (pour 2009 et 2010), principalement à cause d'un parasite affectant les plants de pavot, l'OICS estime que cette baisse de la production d'opium n'entraînera pas une baisse de celle de l'héroïne, en raison des stocks suffisants d'opium disponibles.