Le Nigeria reste un point névralgique pour le trafic de drogue

Une saisie de cocaïne dans le port de Lagos confirme que le Nigeria demeure une plaque tournante pour les drogues dures.

L'Agence nigériane de lutte contre la drogue (NDLEA) a annoncé la saisie, le 13 janvier dernier, de 110 kg de cocaïne dans un container au port de Tin Can Island, à Lagos, la capitale économique du Nigeria. La drogue était dissimulée dans des carreaux de sol en provenance de Bolivie, troisième producteur mondial de cocaïne. « La drogue était cachée dans 25 paquets de carreaux de sols contenant chacun 4 blocs d'une substance poudreuse que les tests ont révélé être de la cocaïne », précise un communiqué de la NDLEA. Cette saisie a été réalisée grâce à une collaboration avec l'agence antidrogue américaine (DEA).

Et ce n'est pas la première prise du genre. En juillet 2010, la NDLEA avait déjà mis la main sur 450 kilos de coke dans le port de Lagos. D’après un responsable de l’agence, c’était la « deuxième plus importante dans le pays, avec une valeur marchande de quatre milliards de nairas (soit environ 20,6 millions d’euros) ». Plusieurs personnes, dont un douanier nigérian et deux hommes d’affaires chinois, avait alors été arrêtées. D’après les services antidrogue nigérians, la cocaïne, dissimulée là aussi dans un container, avait transité par le Chili. Ces saisies sont aussi perçues comme un progrès dans la lutte antidrogue au Nigeria. 

Commentaire: Le Nigeria est, de longue date, un pays de transit pour l’héroïne et la cocaïne. Les organisations criminelles nigérianes sont, par ailleurs, devenues des acteurs clé du trafic international de stupéfiants. Elles sont implantées dans le monde entier, y compris dans les pays producteurs. Dès les années 80, des trafiquants nigérians se sont imposés comme des intermédiaires de poids dans le commerce de l’héroïne, allant s’approvisionner directement en Asie du Sud. Vers la fin des années 90, ils se sont tournés également vers la cocaïne, s’approvisionnant parfois directement à la source, notamment en Colombie (premier producteur mondial de cocaïne), et sont désormais des sous-traitants importants des trafiquants latino-américains. Elément intéressant de la précédente opération de la NDLEA: la présence, parmi les personnes arrêtées, d'hommes d'affaires chinois, rarement cités ces trois dernières années dans des affaires liées à la cocaïne en Afrique.

Le modus operandi est, en revanche, un classique. Le transport de drogue dans des containers est très largement utilisé par les organisations criminelles. Les grands ports comme ceux de Lagos et, plus encore, le port de Rotterdam au Pays-Bas, voient passer des centaines de milliers de containers par an. Il est donc impossible de contrôler chaque unité. D'autant que, face à l'attention redoublée des services de lutte contre les stupéfiants, les trafiquants placent des quantités moins importantes que par le passé à l'intérieur mais dans un nombre plus grand d'unités pour réduire les pertes en cas de saisie.